Bouaflé, Côte d’Ivoire – Le paysage est lunaire. Des cratères béants s’étendent à perte de vue, dévorant plus de sept hectares de ce qui fut autrefois une terre fertile, riche en plantations de cacao, de café et d’anacardiers. Bienvenue à Koudougou, à quarante kilomètres de Yamoussoukro, un site minier illicite abandonné, témoin brutal de l’orpaillage clandestin qui a ravagé cette région. Jeudi 24 octobre, l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE) nous a ouvert les portes de ce lieu, une cicatrice béante sur le visage de la Côte d’Ivoire, pour nous montrer l’ampleur du travail de restauration en cours.
Une terre meurtrie, un espoir renaissant
Sous un soleil de plomb, les cicatrices sont profondes. Ouédraogo Mady, les yeux voilés d’émotion, nous montre l’endroit où ses plantations ont été anéanties. « Ce douloureux passé s’efface grâce à la réhabilitation des sols, » murmure-t-il, la voix brisée par l’espoir.
Dans cette réhabilitation de ce cite abandonné, Zouma Pawindebem,et son équipe de femme réunie en coopérative mettent leurs mains a la patte pour la réussite de ce projet.
En tant que porte-parole d’une coopérative féminine, elle témoigne de l’impact du projet : « Cette activité nous aide à reprendre le contrôle de nos vies. » Des femmes, autrefois victimes de la destruction de leurs moyens de subsistance, retrouvent une dignité et une autonomie.
Financé par le Sacko Group, le projet de l’AEIE utilise des engrais organiques, un mélange de compost et de déchets animaux, pour revitaliser la terre. Arthur, porte-parole de l’ONG et notre guide, nous montre des plants de haricots et d’arachides qui percent la terre asséchée. Une renaissance timide, mais tangible.
Un désastre à l’échelle nationale
Mais Koudougou n’est qu’un point sur la carte d’un désastre beaucoup plus vaste. Patrice EBAH, membre fondateur de l’AEIE, nous alerte sur l’ampleur du problème. Depuis 2020, l’ONG cartographie les sites d’orpaillage abandonnés dans dix-huit régions de Côte d’Ivoire, dressant un constat alarmant d’un écocide à grande échelle. « Nous avons besoin d’un soutien financier massif pour mener à bien cette réhabilitation », insiste-t-il, la voix emplie de passion et d’urgence.
L’AEIE vise bien plus que la simple restauration des sols : la création d’une pisciculture et d’une zone touristique durable sont en projet. Une ambition audacieuse pour transformer cette zone meurtrie en un modèle de développement durable.
Le combat est long et ardu selon les responsables de l’AEIE qui refusent de baisser les bras, toutefois à Koudougou, au cœur de ces cicatrices béantes, une graine d’espoir a été plantée. La question reste : cette graine parviendra-t-elle à pousser, à fleurir et à transformer cette terre meurtrie en un symbole de renaissance ?
Cette question trouvera donc sa réponse dans années à venir grâce à l’acharnement et action de l’ONG l’AEIE .
JMB