Paris/Zoom –le mardi 30 septembre 2025 ,lors d’une conférence de presse en visioconférence organisée le mardi 30 septembre par All Africa, Firmin Édouard Matoko, candidat de la République du Congo à la Direction générale de l’UNESCO, a exposé sa vision d’une organisation refondée, plus agile et plus efficace pour répondre aux défis du multilatéralisme et aux priorités de l’Afrique.
Fort de ses trente années d’expérience au sein de l’Organisation, notamment en tant que Sous-directeur général pour la Priorité Afrique, M. Matoko a d’abord dressé un triple constat : la remise en question de l’existence même du système multilatéral, l’incapacité des organisations, y compris l’UNESCO, à se positionner sur les grands conflits mondialisés, et l’accélération d’un monde « imprévisible et complexe.
Face à ces enjeux, le candidat a rappelé le mandat originel de l’UNESCO comme agence intellectuelle et technique, non politique. Il a insisté sur l’importance de délaisser la médiation politique pour se concentrer sur les solutions techniques dans ses domaines d’expertise : l’éducation, la culture, la communication et les sciences.
Les quatre grands axes prioritaires de son programme se concentrent sur :
1. L’Éducation de qualité : Au-delà de l’accès, il veut renforcer la qualité par la formation des enseignants et la révision des matériels pédagogiques, citant l’utilisation de l’Histoire générale de l’Afrique comme manuel. Il met un accent particulier sur l’éducation dans les zones de conflit et de réfugiés.
2. La Liberté d’expression et la sécurité des journalistes : M. Matoko s’engage à poursuivre le travail de dénonciation publique des violations et à mobiliser des ressources pour former les médias, notamment communautaires et les jeunes journalistes, insistant sur la déontologie pour contrer la désinformation.
3. Les Nouvelles technologies et l’Intelligence Artificielle (IA) : L’utilisation du numérique doit servir l’éthique de l’IA et la gestion du patrimoine, comme l’usage des drones pour surveiller les grands parcs et réserves de biosphère.
4. La Refondation et le travail intersectoriel : Il prône une refondation très pragmatique avec les États membres, inspirée de la proposition « Nations Unies des années 80 » de Boutros Ghali, visant un « compactage » des agences pour être plus efficace et moins bureaucratique. Il souhaite abolir le travail en « silos » entre les secteurs pour apporter des réponses intégrées, par exemple en liant l’éducation des filles aux questions culturelles qui limitent leur accès à l’école.
Interrogé sur les défis de l’Afrique, M. Matoko a réaffirmé la Priorité Afrique dans son programme, soulignant l’importance de booster la production scientifique du continent et d’assurer l’adéquation entre formation et emploi en renforçant notamment l’enseignement technique professionnel.
Concernant le changement climatique et les réserves de biosphère, il a appelé à une réponse par l’éducation et la sensibilisation dès le préscolaire, plaidant pour le renforcement des programmes de sensibilisation et le développement des Géoparcs en Afrique, « poumon de la planète ».
Face aux critiques sur la faible progression de la liberté de la presse en Afrique, le candidat a nuancé, réaffirmant l’existence de mécanismes UNESCO pour la défendre, et insistant sur la nécessité de former les professionnels aux défis de la désinformation et des discours de haine sur les réseaux sociaux. Il a conclu son intervention en rendant hommage aux collègues de l’UNESCO qui travaillent dans des conditions difficiles sur le terrain, d’Haïti à Port-Soudan, au service des « ultimes bénéficiaires ».
Le candidat Matoko, haut fonctionnaire de l’UNESCO depuis plus de trois décennies, se présente comme l’homme du sérail capable d’assurer la continuité tout en impulsant des réformes ciblées et pragmatiques. Son élection, qui aura lieu en novembre 2025, sera un choix entre une candidature interne expérimentée et la proposition de son principal adversaire, l’Égyptien Khaled El-Enany.
JMB