Abidjan Capital du rire

À l’approche de l’élection présidentielle prévue pour octobre prochain, la Côte d’Ivoire voit monter les appels à la responsabilité et à la transparence. Parmi les voix qui s’élèvent, celle du prêtre catholique Marius Hervé Djadji résonne avec une gravité particulière. Dans un message publié ce lundi 14 avril sur sa page Facebook, le prélat a interpellé directement le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Kuibiert-Coulibaly Ibrahime, l’invitant à faire preuve d’intégrité et de courage face aux enjeux du prochain scrutin.

Dans un ton à la fois solennel et engagé, le Père Djadji s’est exprimé en tant que citoyen ivoirien, profondément marqué par les conséquences dramatiques des élections passées. « Me taire, c’est pratiquer le silence coupable », écrit-il en ouverture de son message, qu’il justifie comme un acte de vérité et de responsabilité, en phase avec l’esprit de la Semaine Sainte.

Le religieux n’a pas mâché ses mots pour évoquer les crises électorales de 2000 et de 2010, rappelant les milliers de morts, les victimes d’abus, et les familles brisées par la violence post-électorale. Selon lui, ces tragédies trouvent en grande partie leur origine dans la « non fiabilité et la non crédibilité » des organes en charge de l’organisation et de la proclamation des résultats.

« En Côte d’Ivoire, les crises post-électorales proviennent surtout de la non fiabilité et de la non crédibilité des structures d’organisation et de proclamation des résultats », a-t-il insisté, appelant le président de la CEI à rompre avec les pratiques du passé. « Ne rajoutez pas encore des morts, des victimes, des paralytiques, des violées sur la liste macabre qui ne nous fait pas honneur », écrit-il avec émotion.

Dans une adresse mêlant références historiques et spirituelles, le prêtre interpelle Kuibiert-Coulibaly en ces termes : « Serez-vous un autre Pilate qui s’en lave les mains, ou un Joseph d’Arimathie, qui ose la droiture au cœur de l’injustice ? » Une question symbolique, aux allures de jugement moral, qui invite à une introspection profonde.

Toutefois, loin de toute condamnation, le message du Père Djadji se veut avant tout un cri du cœur, un plaidoyer pour une démocratie apaisée. Il plaide pour une élection « sans morts », une élection respectueuse de la volonté populaire, où la transparence et la justice priment sur les intérêts partisans.

Ce message intervient dans un contexte où la société civile et les confessions religieuses appellent au dialogue et à la prévention des violences électorales. En donnant de la voix, le Père Djadji remet sur la table une exigence essentielle : celle de garantir aux Ivoiriens un processus électoral digne, transparent et porteur d’espoir.

En cette année charnière pour la Côte d’Ivoire, son interpellation sonne comme une mise en garde, mais aussi comme une lueur d’espérance : celle d’un avenir politique construit dans la vérité, la justice et la paix.

Toussaint Konan

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